Le confinement de l'association : témoignages vidéos

L 'association Amitiés Tsiganes et ses collaborateurs témoignent sur les mesures qui ont été prises durant le confinement pour assurer la sécurité du personnel et des voyageurs . 

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Paroles de femme par Didier

Nous nous trouvons sur la communauté de communes de LONGWY qui compte 61000 habitants dont une cinquantaine de familles en habitat caravane présentes de façon pérenne sur ce territoire (200 personnes environ).

valentine2Ces familles séjournent sur plusieurs sites : deux terrains aménagés et trois autres sites officieux sans aucune commodité ,ce qui induit des problèmes d’insalubrité. Une enquête de police a été diligentée par la préfecture à la demande de la Communauté d'agglomération de Longwy avec menace d’expulsion.

Les familles sont très inquiètes par rapport à leur devenir sur le territoire et c’est pour moi l’occasion d’aller à leur rencontre afin qu’elles puissent s’exprimer sur cette situation.
C’est le matin et la plupart des hommes sont partis travailler. Je vais a la rencontre d’une mère de famille qui ne souhaite pas parler sans l’accord de son mari, sachant bien sûr que son témoignage paraîtra sur la newsletter. Livrer une parole n’est pas toujours aisé car elle implique avant tout le collectif et il faut y être autorisé.

Je me dirige alors vers la grand-mère qui n’est tout d’abord pas intéressée et ceci pour les mêmes raisons, je la rassure en lui disant que son témoignage sera anonyme, elle veut bien jouer le jeu.

Elle raconte :

« Avant les maires étaient contre nous, maintenant les choses s’arrangent, avant on se faisait expulser pour rien du tout »

Elle fait partie d’un groupe familial qui a été autorisé plus ou moins officiellement à améliorer ses conditions d’habitat et ne semble plus concernée par une éventuelle expulsion.

C’est important pour elle de rester sur place car elle est suivie par des professionnels de santé, ses enfants et neveux restent à ses côtés et veillent sur elle.

Elle dit :  « Heureusement qu’il y a la famille, c’est la famille qui nous tient »

Puis elle me parle de son père décède trop jeune suite à un problème de santé, « la mauvaise maladie »

Un regard d’enfant s’éclaire en elle

« C’était un homme grand et fort, ses yeux étaient bleus comme l’océan »

Je la salue respectueusement et je me dirige vers le terrain d’à côté pas du tout aménagé à la rencontre de Valentine.

« La police est passée, ils ont demandé les noms des familles présentes et relevé les plaques d’immatriculations, ils n’étaient pas agressifs »

« Cela m’inquiète, je suis suivie 24h sur 24 par les docteurs (elle est sous assistance respiratoire)

Je connais Valentine depuis fort longtemps. Elle veut alors me montrer les papiers des médecins comme pour prouver son existence avec ses propres difficultés, exister ne suffit pas, elle a été habituée à montrer aux forces de l’ordre les titres de circulations, démarches obligatoires qui ont rythmées ses déplacements et qui aujourd’hui n’existent plus (abrogation de la loi)

« j’ai toujours resté ici ,c’est comme ci c’était mon domicile »

Lolita sa fille est aussi très inquiète, ses enfants étant scolarisés dans les écoles des secteurs. Elle m’explique : » nous vivons au milieu des rats malgré les produits que nous achetons pour les faire fuir, tout le monde vient sur le terrain jeter les ordures mêmes les Français et les Belges …

Nous nous trouvons dans la caravane cuisine et ça sent bon les pâtes.

Dommage il faut que j’aille a la rencontre d’autres familles.

Didier